Réforme de la valeur locative : quelles conséquences pour le marché immobilier romand ?
Dans cet épisode du podcast Resolve, Arthur Petit reçoit deux invités issus du terrain : Valentine Cardis, ingénieure civil et dirigeante de Cardis Immobilier, et Alexandros Margonis, directeur administratif et financier de la même société. Ensemble, ils partagent leur analyse directe et sans détour de la réforme sur la valeur locative, soumise au vote le 28 septembre.
À travers le prisme de leur activité, centrée sur la vente et la promotion immobilière en Suisse romande, ils pointent des conséquences souvent ignorées du débat public – notamment sur les rénovations, l’accès à la propriété et la structure même du marché immobilier.
Un impact fort… mais sous-estimé
La suppression de la valeur locative est souvent perçue comme une mesure qui profiterait aux propriétaires. Mais pour Valentine et Alexandros, le cœur du sujet est ailleurs : si la votation passe, ce sont aussi les déductions fiscales pour les travaux d’entretien et les intérêts hypothécaires qui disparaîtront.
Or, dans un contexte où les rénovations énergétiques deviendront progressivement obligatoires, en particulier dans le canton de Vaud dès 2026, cette suppression représenterait un choc financier important pour les acquéreurs.
Des biens plus difficiles à vendre
Aujourd’hui déjà, les bâtiments énergivores sont accompagnés d’un Certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB), obligatoire à la vente dans certains cantons. Cela signifie que le coût des rénovations est de plus en plus visible – et de plus en plus intégré dans les négociations.
Si les incitations fiscales disparaissent, les acheteurs auront moins de leviers pour financer ces travaux, et chercheront naturellement à négocier les prix à la baisse. À terme, cela risque de pénaliser les vendeurs, et potentiellement ralentir la mobilité immobilière.
Un marché qui pourrait se concentrer
L’un des effets indirects pourrait être un recentrage du marché immobilier sur les ménages les plus fortunés, capables d’assumer des rénovations importantes sans soutien fiscal. Cela pourrait exclure de nombreux jeunes acheteurs, notamment ceux qui achètent des maisons anciennes à rénover.
Un choc aussi pour les PME du bâtiment
Enfin, les invités soulignent un risque macroéconomique : en cas d’adoption de la réforme, les propriétaires pourraient se précipiter pour réaliser leurs travaux avant la fin des déductions, créant un pic temporaire de demande… suivi d’un effondrement.
Un scénario qui pourrait déstabiliser les entreprises locales du secteur de la construction et de la rénovation.
En résumé
- La réforme ne concerne pas que les résidences secondaires, mais bien tous les propriétaires qui occupent leur logement.
- Elle supprimerait des outils fiscaux essentiels pour planifier, rénover et transmettre un bien immobilier.
- Les biens énergivores perdront de la valeur, surtout s’ils deviennent plus coûteux à rénover.
- Le marché de la revente pourrait être particulièrement touché, au détriment des classes moyennes et des jeunes acheteurs.
- Les entreprises locales du bâtiment pourraient subir un choc de demande déséquilibré.
Écoutez l'épisode sur votre plateforme préférée:
